Libérer le potentiel des seniors dans la Silver Economy :

Reconnaître les contributions et façonner un nouveau paradigme

Dans notre monde en constante évolution, un changement démographique transformateur est en cours, redéfinissant le paysage social et économique. L’allongement de l’espérance de vie et l’augmentation de la population âgée sont sur le point de remodeler les sociétés à l’échelle mondiale. Ce qui était autrefois caractérisé par une croissance économique alimentée principalement par une main-d’œuvre jeune est en train de subir une profonde mutation. La dynamique des ressources limitées, façonnée par les exigences de l’éducation des enfants, cède progressivement la place à de nouvelles réalités.

L’urgence de reconnaître les droits de nos citoyens âgés et leur contribution inestimable à la société est au premier plan de cette transformation. Le concept de “Silver Economy” prend de l’ampleur, soulignant les prouesses économiques et l’influence positive des personnes âgées au cours de leurs dernières années. Alors que nous traversons cette révolution démographique, il est essentiel de célébrer le rôle essentiel que les générations plus âgées ont joué tout au long de leur vie.

Le parcours de ces personnes âgées jusqu’à l’âge adulte a été marqué par l’innovation, la productivité et des contributions substantielles à l’économie, y compris le paiement diligent des impôts. Pourtant, à mesure qu’ils entrent dans l’âge d’argent, leur valeur ne fait que croître. D’ici à 2050, les projections indiquent que les personnes âgées représenteront 40 % de la population européenne, ce qui nécessitera une réévaluation fondamentale des politiques, en particulier dans le domaine des systèmes de retraite et de l’allongement de la vie active.

Ce changement de paradigme nous incite à envisager et à façonner à nouveau l’essence de la vieillesse. Ce phénomène mondial, souvent appelé “silver economy”, reflète non seulement une transition démographique, mais aussi une opportunité de transformation. Contrairement à la perception conventionnelle des personnes âgées comme un groupe vulnérable, la vérité est qu’elles représentent un groupe démographique de plus en plus riche et en pleine expansion. Cette transformation est sur le point d’alimenter la croissance de la “silver economy”, en portant l’impact économique et l’innovation à des niveaux inégalés.

L’évolution de l’image des seniors dans la silver economy est soulignée par leur capacité à catalyser la croissance économique. Le rapport Global Longevity Economy Outlook[1] prévoit une augmentation remarquable de la contribution économique, les estimations de la valeur de la silver economy devant plus que doubler d’ici à 2050. Ce changement de perception n’est pas seulement économique, mais aussi culturel. Les personnes âgées jouent un rôle actif pendant de longues périodes, remettant en cause les idées reçues sur le vieillissement.

Néanmoins, ces progrès ne se limitent pas aux chiffres économiques : il s’agit de reconnaître l’immense impact qu’ont les personnes âgées grâce à leur engagement inébranlable dans le travail non rémunéré, la prestation de soins et le bénévolat. Les liens intergénérationnels qu’ils tissent, les connaissances qu’ils transmettent et les soins qu’ils prodiguent jouent tous un rôle essentiel dans la formation du tissu social. La croissance de la silver economy ne se limite pas à la consommation ; elle témoigne de la création d’emplois, de la production de richesses et de l’échange de sagesse entre les générations.

L’exploitation du potentiel de la silver economy nécessite un changement de perspective collectif. En reconnaissant les contributions inestimables des personnes âgées, en luttant contre l’âgisme et en favorisant la diversité des âges au sein de la main-d’œuvre, nous sommes à l’aube d’une ère de transformation. La silver economy, caractérisée par son vaste pouvoir économique et son dévouement inébranlable à l’amélioration de la société, offre des possibilités illimitées d’enrichir la vie de toutes les générations. Alors que nous traversons cette révolution démographique, ce ne sont pas seulement les membres aux cheveux argentés de notre société qui en bénéficieront, mais la société dans son ensemble.

La Silver Economy.

Nous assistons actuellement à un changement démographique majeur qui remodèle le monde.  L’espérance de vie s’est allongée et les personnes âgées représentent désormais le plus grand pourcentage de la population. Dans le passé, la croissance économique était tirée par une importante population en âge de travailler, et la jeunesse de la population signifiait que des ressources limitées étaient utilisées pour élever les enfants, ce qui limitait les opportunités économiques.  Cette situation est en train de changer rapidement.  Dans des pays comme le Japon, un quart de la population a déjà plus de 65 ans, et il en va de même en Europe occidentale, en particulier dans des pays comme l’Allemagne et l’Italie.  En Suisse, une personne âgée de 65 ans aujourd’hui peut s’attendre à vivre 21 ans de plus, dont une bonne partie en tant que grand-parent.  Cela signifie qu’il y a de plus en plus de personnes âgées et de moins en moins de jeunes, ce qui s’est vérifié en 2018 par un fait extraordinaire : cette année-là, les plus de 65 ans ont dépassé les moins de 5 ans pour la première fois dans l’histoire…

D’ici 2050, les personnes âgées de 65 ans et plus devraient représenter 40 % de la population européenne, ce qui nécessitera des changements de politique, d’autant plus que le nombre de jeunes travailleurs diminuera.  La dernière étude économique de l’OCDE sur la Suisse estime que l’allongement de l’espérance de vie portera la part des personnes âgées de 65 ans et plus dans la population à près de 30 % d’ici à 2050.  Les politiques doivent donc s’adapter à cette évolution démographique, y compris les politiques liées aux systèmes de retraite et à l’allongement de la vie active et professionnelle.  Nous devons repenser MAINTENANT ce que sera la vieillesse.  Si nous y parvenons, les économies du monde entier bénéficieront de l’augmentation de la population mondiale des personnes âgées de 50 ans et plus, ce qui lui vaudra le titre de “silver economy” (Économie et politique, mars 2023). 

La “silver economy” doit être considérée comme une opportunité.  Les personnes âgées sont plus importantes que jamais sur le plan économique : elles constituent le segment de la population le plus riche et dont la croissance est la plus rapide.  Il est donc nécessaire de modifier la perception qu’a le public des personnes âgées et d’accepter leur motivation à rester actives beaucoup plus longtemps qu’auparavant.  Selon le rapport “Global Longevity Economy Outlook“, l’effet de croissance économique de la silver economy devrait plus que doubler au cours des trois prochaines décennies, passant de 45 000 milliards de dollars en 2020 à 118 000 milliards de dollars en 2050. L’étude a mesuré les effets économiques à l’échelle mondiale et dans 76 économies représentatives, qui représentent 95 % du PIB mondial et 79 % de la population mondiale. 

Les personnes âgées sont encore majoritairement perçues comme des personnes vulnérables dont il faut s’occuper. Pourtant, les statistiques de pays comme la France donnent une image très différente : seulement 6 % des personnes âgées de plus de 50 ans sont en situation de dépendance. En 2022, la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans dans les 27 pays de l’UE était de 17 %. En 2045, elle devrait être de 31 % chez les femmes et de 26 % chez les hommes. En 2021 – en France par exemple – il y avait 13 millions de personnes âgées, alors qu’en 2070 on s’attend à ce qu’elles soient environ 22 millions – presque le double !  

Les adultes de plus de 60 ans sont trop souvent considérés comme un fardeau économique, mais cette vision pessimiste du vieillissement des populations ne tient pas compte de la contribution des personnes âgées au travail non rémunéré.  Les grands-parents, en particulier, jouent un rôle croissant dans l’éducation de la prochaine génération, partout dans le monde.  En effet, les personnes âgées vivent plus longtemps et sont en meilleure santé, ce qui leur permet d’être plus disponibles pour aider leur famille.  Parallèlement, l’augmentation du nombre de divorces et de familles monoparentales fait que davantage de mères (ou de pères) qui travaillent ont besoin d’aide pour s’occuper de leurs enfants.  96 % des adolescents en Suisse ont au moins un grand-parent et 39 % ont encore un grand-parent à 30 ans.  Comme les grands-parents vivent plus longtemps, ils passent plus de temps avec leurs petits-enfants, ce qui est l’un des effets les plus frappants de la longévité.  Des études citées par The Economist montrent que dans la plupart des pays européens, 20 à 30 % des grands-parents apportent une contribution financière à la famille de leurs enfants. En Allemagne, par exemple, plus de 28 % des grands-parents soutenaient financièrement leurs petits-enfants en 2014, soit presque deux fois plus qu’en 1996.  Pour la Suisse, le “Generationenbericht Schweiz” (rapport intergénérationnel Suisse) a calculé l’importance économique de toutes les heures travaillées pour s’occuper des petits-enfants. Selon ce rapport, les grands-parents contribuent à l’économie suisse à hauteur de près de 2 milliards de francs suisses par an, dont 80 % proviennent des grands-mères (cité par The Economist).  Ainsi, bien que les jeunes et les personnes âgées consomment en moyenne plus qu’ils ne produisent dans le secteur formel, la contribution des grands-parents dans le secteur informel (travail de soins non rémunéré, bénévolat) atténue ce phénomène.

En d’autres termes, l’augmentation du nombre de personnes âgées se traduit par une augmentation des contributions économiques et des emplois créés grâce aux dépenses de la population mondiale des plus de 65 ans.  Les personnes âgées sont des consommateurs.  Selon World Data Lab, le pouvoir d’achat total de la population âgée dans le monde s’élevait à environ 8,4 billions de dollars américains (11,1 billions de dollars suédois) en 2020. Ce chiffre devrait atteindre 14 000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. (données de 2021).  Le nombre d’emplois soutenus par les dépenses des personnes âgées devrait augmenter de près de 20 %, pour atteindre plus de 1,2 milliard d’emplois en 2030. Cela représente environ 35 % du nombre total d’emplois disponibles dans le monde.

À titre d’exemple, les seniors en France détiennent plus de 45 % du pouvoir d’achat au niveau national, avec un total calculé de 132 milliards d’euros. Les plus de 60 ans détiendraient 60 % du patrimoine privé. Si l’on se projette en 2050, les plus de 50 ans augmenteront de 75 %, alors que les moins de 20 ans n’augmenteront que de 1 %. Selon le Centre de recherche sociale (CREDOC), le marché des seniors fournira 45 % de la demande totale des différents marchés, 64 % pour la santé d’ici 2015, 60 % pour l’alimentation, 58 % pour l’équipement, 57 % pour les loisirs, 56 % pour l’assurance. Ce sont les seniors qui assurent une grande partie des marchés en France.

Le Forum économique mondial (WEF décembre 2020) a noté que les contributions des personnes âgées ont été considérablement sous-évaluées.  Ces contributions comprennent des activités marchandes (revenus du travail, tels que déterminés par les enquêtes auprès des ménages) et des activités productives non marchandes (APNM), telles que la garde des petits-enfants, l’aide aux autres et le bénévolat. Les enquêtes montrent également que les personnes âgées sont susceptibles de travailler moins d’heures, mais avec des salaires horaires plus élevés.  Une part importante des personnes âgées (10 à 15 %) s’occupe d’autrui ou lui apporte une aide “presque hebdomadaire” ou “presque quotidienne”.  Il s’agit davantage de femmes.  Les résultats des enquêtes menées pour le FEM montrent que les personnes âgées apportent une contribution économique significative : 9 700 euros (11 565 dollars) par personne dans l’échantillon européen.  Dans les pays européens échantillonnés, les contributions totales en 2015 ont été estimées à 1,1 trillion d’euros. 

Des études ont également démontré l’importance des connaissances locales, telles que les capacités d’organisation communautaire des associations de personnes âgées en cas de catastrophe. (12 juillet 2023, Age International).  The Economist cite les conclusions du Centre de Munich pour l’économie du vieillissement et les données de l’enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe (SHARE) concernant les résultats éducatifs sur trois générations au niveau international.  L’étude révèle que le rôle des grands-parents a été sous-évalué. L’étude montre que les grands-parents ont une influence significative sur les résultats scolaires.  Il est clair que les activités non marchandes constituent une part importante de la contribution économique des personnes âgées, ce qui constitue une dynamique importante à prendre en compte par les décideurs politiques.  La prise en compte de ces contributions variées et vitales en termes économiques pourrait garantir le soutien des politiques et des programmes qui aident les personnes âgées à mener une vie active et épanouissante.

Lorsque l’on définit les dimensions de la Silver économie, les chiffres suivants sont éloquents : nous parlons d’environ 100 millions de personnes et d’un chiffre d’affaires d’environ 6 000 milliards d’euros (en 2015, il s’élevait à 3 700 milliards).

Que peuvent faire les décideurs politiques lorsqu’ils planifient et mettent en œuvre des stratégies sur le vieillissement et le développement réussi de la “silver economy” ?  Les décideurs politiques et les chefs d’entreprise gagneront à mieux comprendre les contributions non rémunérées des personnes âgées, à lutter contre la discrimination fondée sur l’âge et à encourager une main-d’œuvre diversifiée en fonction de l’âge, à investir dans l’amélioration des compétences, le recyclage et l’apprentissage tout au long de la vie pour tous les travailleurs, à encourager une main-d’œuvre multigénérationnelle, à lutter contre l’âgisme dans la société, tout cela en adaptant les produits et les services aux besoins d’une population qui vieillit rapidement.  


[1] Les perspectives de l’économie de la longévité (aarp.org)