Construire l’Europe avec un million de bébés Erasmus

Yves Beigbeder

Juillet 2022

C’est en partie grâce à Sofia Corradi que le programme d’échange universitaire européen a vu le jour en 1987. Dans le supplément hebdomadaire du quotidien italien Corriere della Sera présente Sofia Corrradi comme « mamma Erasmus ».

Née à Rome en 1934, elle raconte comment son boy-friend américain est à l’origine du projet Erasmus : il était venu en Italie grâce au programme Fulbright, un système d’échanges universitaires avec des pays alliés, financé par les réparations de guerre. Il conseilla Sofia de déposer un dossier pour aller aux Etats-Unis. Elle a été admise à l’Université Columbia à New York.

De retour à Rome, quand elle a montré son Master de droit comparé de Columbia, on lui a répondu : « Columbia University, connais pas ». Dès lors, elle aura à cœur d’imposer une reconnaissance des études à l’étranger.

Après de nombreuses étapes, le journaliste écrit : « La modernité et la persévérance de Sofia sont finalement récompensées le 15 juin 1987, dix-huit ans après sa première requête, lorsque le Conseil européen adopta l’« European Community Action Scheme for the mobility of European students : le programme Erasmus était né.

Ce programme en presque trente-cinq ans, a fait voyager 10 millions de personnes – avant tout des étudiants, mais aussi des apprentis, des enseignants et des lycéens : autrement dit, « C’est grâce à quoi un jeune Catalan part poursuivre des études en Belgique, y rencontre une jeune Flamande, en tombe amoureux, l’épouse, fait des enfants et fonde une famille européenne. » Sofia revendique d’ailleurs un million de bébés Erasmus.

L’euro fête ses vingt ans, mais l’Europe a commencé à devenir une réalité pour ses habitants des années plus tôt, quand les jeunes se sont mis à voyager à travers le continent, grâce à Erasmus : on appelle Sofia « mamma Erasmus » (Courrier International, juillet /août 2022).