Yves Beigbeder

Avril 2022

Ankara et Moscou considèrent comme dépassées les institutions internationales issues de 1945 tout comme les mécanismes de sécurité collective hérités de la guerre froide, explique Yohanan Benhaim, spécialiste de la politique étrangère turque et co-fondateur de Noria Research.

Ankara n’a aucune intention d’adhérer aux sanctions : « Nous achetons aujourd’hui environ la moitié de notre gaz à la Russie. En outre, nous construisons la centrale nucléaire d’Akkaya avec la Russie. Nous ne pouvons pas mettre cela de côté non plus » Quand j’ai dit cela à Macron, il a dit « vous avez raison » m’a expliqué M.Erdogan, à son retour de Bruxelles.

L’espace aérien turc est ouvert à la Russie.

Les ports de la Méditerranée et de l’Egée sont offerts aux oligarques russes aux abois. Deux yachts appartenant au milliardaire proche du Kremlin Roman Abramovitch mouillent en ce moment au large de Bodrum et de Marmaris sur la mer Egée et celui de l’ancien président Dmitri Medvedev est amarré à Istamboul. On ne compte plus les jets privés de l’élite russe parqués sur les aéroports turcs pour échapper aux sanctions.

Interrogé sur l’accueil réservé par Ankara aux oligarques proches du Kremlin, Meviut Cavusoglu, le ministre turc des affaires étrangères a déclaré que ces derniers pouvaient « faire des affaires » en Turquie tant que leurs activités s’avéraient conformes « à la loi et au droit international ». De quoi renflouer l’économie turque en manque de devises et d’investissements à quinze mois d’une échéance cruciale pour le président Erdogan : l’élection présidentielle de juin 2023.